Et si on parlait science?

Diffusion des connaissances, partage des savoirs… Mais au fond, quand on parle de  vulgarisation, de quoi parle-t-on ?

L’exposition permanente « les Planètes au fil de l’Yvette » présente aux promeneurs des berges de l’Yvette une maquette du système solaire assortie d’articles d’astronomie à plusieurs niveaux de lecture

Il est admis que la littérature, la musique ou la peinture font partie de la culture. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour la science ? La recherche permet de comprendre chaque jour un peu mieux notre monde ; les avancées techniques et scientifiques jouent un rôle primordial dans l’évolution de l’homme. Mais si les progrès sont affaires de spécialistes, la compréhension est affaire de tout un chacun. Permettre à tous d’appréhender les enjeux des découvertes scientifiques est un défi que la vulgarisation se charge de relever. C’est dans cette optique que Lionel Salem a créé en 1993 le Centre de Vulgarisation de la Connaissance, avec pour ambition de contribuer à combler le fossé entre « ceux qui savent » et « ceux qui ne savent pas ». Qu’en est-il en pratique? Parler de science, c’est parler d’un sujet multiple : sciences dures et sciences douces, science fondamentale ou appliquée… Autant de domaines qui répondent à des enjeux divers, que le médiateur doit s’approprier. Plus qu’une discipline empirique, la vulgarisation propose des techniques pour mettre le savoir à la portée de tous.

Toute une population pour public
Pour réaliser ce travail, encore faut-il savoir à qui l’on s’adresse. Comme pour tout exercice de communication, la question du public est primordiale. Qui est-il, et qu’attend-il? S’agit-il d’un expert en physique théorique curieux d’enrichir sa culture médicale, d’un écologiste soucieux de solutions nouvelles, ou d’un consommateur à l’affût d’améliorations dans sa vie quotidienne ? Les sciences font-elles toujours partie de sa vie, ou n’est-ce qu’un lointain souvenir d’école ? À moins qu’il ne s’agisse d’un enfant, justement en plein apprentissage Faisons un petit tour à la Fête de la Science, et arrêtons-nous devant une exposition sur la biodiversité. Des images, des questions, des mots qui ressortent… et voici nos plus jeunes visiteurs qui s’en vont avec une idée plus précise de ce qui se cache derrière cette notion. Notre écologiste, lui, restera plus longtemps, lisant l’ensemble du texte, curieux des recherches portant sur la biodiversité. Deux niveaux de lecture, un même objectif : apporter de nouvelles connaissances, et, espérons, le désir d’en savoir encore plus.

Traduire, trahir ?
Cette exposition, justement, que raconte-t-elle ? Pour que le destinataire puisse apprécier le texte, encore doit-il le comprendre. La vulgarisation permet de clarifier le propos scientifique. Mais comment le faire sans sacrifier la vérité ? Souvent, le travail du vulgarisateur est vu comme une traduction du discours des scientifiques, où le simple changement de termes obscurs en vocables du langage courant suffirait à rendre le message lisible par tous. Mais une telle méthode ne ferait que trahir l’information originelle. Tout spécialiste vous le dira : chaque terme a une signification précise, remplacez-le par un autre et le sens change. Heureusement, la vulgarisation va plus loin. Elle ne traduit pas le discours, elle l’adapte au contexte. Prenons l’exemple d’un thème, celui du clonage. Si pour le biologiste moléculaire le clonage consiste en l’utilisation de techniques du génie génétique, M. Martin sera plus intrigué par les débats qui font rage que par la définition d’une « cellule totipotente ». Le rôle du médiateur est alors de trouver comment expliquer les raisons de tels débats, tout en lui fournissant les notions nécessaires. Et bien des moyens peuvent être employés pour cela.

Une pluralité de méthodes
Il ne s’agit pas de faire de M. Martin un expert du clonage, mais de lui permettre d’emmagasiner de nouvelles connaissances sur le sujet, afin qu’il puisse, s’il le désire, prendre part au débat. Et tous les moyens sont bons. Si les écrits restent la technique la plus classiquement envisagée, la vulgarisation a su se diversifier, et profiter de l’essor des technologies. À ce sujet, nous conseillons à M. Martin de faire un petit tour sur un site web que nous avons conçu : « Clonage : quelques clés pour comprendre ».¹
Livres, sites internet, expositions… la science t r o u v e toujours moyen d’interpeller son
public, jusqu’à le faire venir à elle. L’organisation d’ateliers scientifiques pour les enfants, réalisés au sein de l’université, ou encore les visites de laboratoires sont autant d’initiatives ouvrant le monde scientifique aux personnes extérieures à ce milieu. La science sait aussi aller vers son public, en s’invitant dans les lieux de la vie quotidienne, à l’instar de la campagne Ticket d’Archimède organisée dans les couloirs du métro. Au final, c’est aussi ça la vulgarisation : un partage entre deux mondes moins éloignés qu’on ne le croit.

Sophie Bono-Lauriol; Nicolas Graner

¹ www.clonage.u-psud.fr

Le Centre de Vulgarisation de la Connaissance (CVC) est aujourd’hui un service de la  Faculté des Sciences intégré au pôle Communication et Diffusion des Sciences d’Orsay et bénéficie du soutien du CNRS. Il a pour vocation de mettre le savoir scientifique à la portée du public. Pour cela, il réalise par exemple des expositions légères itinérantes qui sont prêtées gratuitement aux établissements scolaires, médiathèques, associations et autres lieux de culture. Le CVC accueille régulièrement des classes d’écoles primaires venues réaliser des expériences au « Club Sciences ». Il organise six fois par an des visites de laboratoires pour tout public, les « Jeudis de la Recherche ». Enfin, le Centre propose des stages d’initiation à la vulgarisation scientifique à destination des chercheurs, enseignants, doctorants, ingénieurs, chargés de communication et toute personne amenée à exposer ses recherches à des publics divers.

Contact : CVC, cvc@u-psud.fr